Une forte mobilisation des quartiers populaires, un très bon report des voix de l'extrême-gauche, le vote d'une partie
des électeurs du MoDem... Le commentaire diffusé ce lundi 17 mars au matin sur France Inter concernait la ville… d’Amiens où le modéré Gilles de Robien a été battu par le socialiste Gilles
Demailly.
Que n’avons-nous entendu pareille analyse pour Orléans ! En particulier s’agissant du premier facteur. Si la Source, l’Argonne et les Blossières ont connu un réel regain de participation au
second tour, cela n’a pas suffi à faire pencher la balance. Dans le bureau 39 que je présidais, 12 % d’électeurs supplémentaires se sont déplacés le 16 mars et parmi eux près de 150 « nouveaux »,
donc beaucoup de jeunes. C’était un réel plaisir de les voir revenir aux urnes. Leur carte d’électeur témoignait que beaucoup n’étaient pas revenus depuis le 6 mai 2007. Malgré cela, dans ce même
bureau, Jean-Pierre Sueur n’augmente son score que de 79 voix par rapport au total obtenu par les listes de gauche au premier tour. Dans le même temps, Serge Grouard obtient un bonus de trente
voix. Au final, les quartiers populaires ont néanmoins très nettement marqué leur ancrage à gauche. La liste « Orléans gagnant pour tous » est majoritaire dans six des neuf bureaux du canton
Saint-Marc Argonne où elle totalise 56,37% des suffrages exprimés. A la Source, Jean-Pierre Sueur est en tête partout et obtient 65,19% des voix. Même constat aux Blossières. Les habitants des
quartiers populaires, quand ils ont voté, ont dit clairement leur préférence pour la gauche. Mais ils n’ont pas assez voté pour changer la donne.
La confusion des genres très perversement cultivée de l’Elysée à la place de l’Etape n’a sans doute pas incité les indécis et les déçus de la politique à aller voter.
La botte de Chirac. C’est un des paradoxes de cette élection : avec quatre cantons (dont un deux nouveaux) sur les
six que compte Orléans, la gauche reste minoritaire sur l’ensemble de la ville.
Paradoxe pour la gauche, cette situation pourrait devenir inconfortable pour la droite. Car il faut se rendre à l’évidence, Serge Grouard a gagné contre les quartiers populaires, contre les
abstentionnistes silencieux qui y sont très nombreux. Le maire réélu a trouvé la parade : il nous ressort la botte de Chirac : « la fracture sociale » ! Après avoir affirmé tout au long de la
campagne que le GPV était génial, que jamais autant n’avait été fait pour le logement social et que son projet pour les Groues était le meilleurs, Serge Grouard découvre tout à coup que tout ne
va pour le mieux dans le meilleur des mondes à Orléans. Alors que Jean-Pierre Sueur avait été élu et réélu en 1989 et 1995 avec des voix de l’ensemble des quartiers d’Orléans, un véritable
clivage existe, a contrario, dans l’électorat de droite entre les habitants modestes des quartiers populaires et ceux des quartiers plus favorisés d’Orléans que la municipalité sortante
n’a eu de cesse de caresser dans le sens du poil tout au long de ces sept années.
Un tel clivage n’a rien de rassurant. Pour la cohésion sociale de notre ville. Pour la capacité qu’aura ou pas Serge Grouard à faire d’Orléans une ville de « vivre ensemble ».
Au vu de l’ambiance de fin de campagne qui a marqué le retour en force de la droite dure orléanaise, on ne peut qu’être sincèrement inquiet.
Une vidéo de la campagne réalisée par Miguel Texeira